Les objectifs du projet :
Sélection pour le prix Goncourt des lycéens 2015
Christine Angot, Un amour impossible, Flammarion PRIX DECEMBRE 2015
Isabelle Autissier, Soudain, seuls, Stock
Nathalie Azoulai, Titus n’aimait pas Bérénice, P.O.L. PRIX MEDICIS 2015
Olivier Bleys, Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes, Albin Michel
Nicolas Fargues, Au pays du p’tit, P.O.L.
Jean Hatzfeld, Un papa de sang, Gallimard
Hédi Kaddour, Les Prépondérants, Gallimard
Simon Liberati, Eva, Stock
Alain Mabanckou, Petit piment, Seuil
Tobie Nathan, Ce pays qui te ressemble, Stock
Thomas B. Reverdy, Il était une ville, Flammarion
Boualem Sansal, 2084 - La fin du monde, Gallimard
Denis Tillinac, Retiens ma nuit, Plon
Delphine de Vigan, D‘après une histoire vraie, JC Lattès PRIX RENAUDOT 2015
SELECTION des 1ères ES-L 1
I. AUTISSIER
Soudain seuls
T. B. REVERDY
Il était une ville
D. De VIGAN
D'après une histoire vraie
Rencontres à Manosque
La revue de presse des AP en 2nde
Christine Angot, Un amour impossible, FLAMMARION
Le Monde 27/08/2015
Une fois de plus, Christine Angot fait face à cette figure de la domination qui l’a propulsée en littérature : le père incestueux. Mais elle élargit aujourd’hui le champ en racontant son histoire familiale, et d’abord la rencontre entre son père, un linguiste distingué, et sa mère, issue d’un milieu social modeste. Le roman se cabre contre la domination que le premier a exercée sur la deuxième. Rendant justice à la figure de la mère, Angot lui restitue présence et fierté. Elle la venge. Ici, la loi de la littérature rejoint celle du talion. Œil pour œil, mot pour mot. Un amour impossible est le magnifique roman d’une libération.
Le Figaro 07/09/15
Pourquoi, alors, ces dithyrambes hallucinés dans les gazettes? Peut-être parce que Christine Angot est une femme. Les femmes, c'est bien connu, écrivent de bons livres. Enfin, pas toujours: lorsqu'elles écrivent des livres douloureux, elles sont douées, on parle alors «d'auteures» ; si elles publient des romans joyeux, elles sont indignes de toute considération et se voient reléguées à la littérature «girly». Dans cette optique, dire que Christine Angot écrit des livres d'une médiocrité sensationnelle, c'est être macho, voire pro inceste ; dans tous les cas, c'est faire insulte au féminisme. Et puis là, «l'auteure» écrit un livre sur sa mère (un sujet qui peut potentiellement toucher ceux qui en ont une ou en ont eu une, soit beaucoup de lecteurs en perspective). Le critique qui en dirait du mal serait donc macho, pervers et anti-mère. Impossible!
Enfin, l'histoire qu'elle ne cesse de ressasser de livre en livre est tragique, poignante, dramatique. Il faut respecter les drames, même si les drames ne font pas forcément de bons livres.
Télérama
C'est une histoire d'amour. Ou plutôt plusieurs histoires d'amour, qui s'épuisent et s'entremêlent jusqu'au chagrin fou, à l'anéantissement de soi, au rien. Et à l'imprévisible victoire sur le rien... D'abord deux amants s'aiment, publiquement. Puis un père et sa fille, sournoisement. Puis une mère et sa fille, pour l'éternité du meilleur et du pire. Extrême du plaisir, extrême de l'humiliation : Christine Angot, la scandaleuse, explore une fois encore les tortures inavouées de la passion, sentimentale ou filiale. Dans Un amour impossible, cet autre vénéré et honni est à la fois amant, maîtresse, mère, père, fille. Tous les amours font souffrir. Tous les amours sont impossibles...
Libération 14/08/2015
Un amour impossible est d’abord l’histoire d’une rencontre, entre un homme et une femme, dans les années 50, à Châteauroux. Ils dansent, ils vont au cinéma, ils s’aiment. Mais ils ne sont pas du même milieu, il ne l’épousera pas, elle est bientôt mère célibataire d’une fille prénommée Christine. Il reviendra dans leur vie, d’abord de loin en loin, et sous forme de lettres, puis il les dévastera. Comme Une semaine de vacances (2012), le nouveau roman de Christine Angot traite de la domination.
L’inceste est le moyen par lequel le représentant d’une classe sociale supérieure signale qu’il est au-dessus des lois, et l’instrument par lequel il est signifié à la classe inférieure qu’elle restera à sa place. C’est aussi un livre merveilleux sur la relation mère-fille. La mère, pour la première fois, est au centre du récit.
Les Inrocks 18/08/2015
L’histoire de la mère de Christine Angot, c’était peut-être ce qui finissait par devenir l’angle mort de son œuvre. Elle lui consacre enfin un roman d’une puissance impressionnante. L’amour impossible du titre, c’est celui qui lie sa mère et son père. Mais peut-être aussi l’amour entre la mère et la fille.
Le Point 23/08/2015
En septembre 2012, un roman de Christine Angot intitulé Une semaine de vacances suscitait la polémique. Elle y racontait, sans faux-fuyants ni fioritures, la vérité d'une relation incestueuse : le père dominateur, la fille humiliée et qui l'aime pourtant, leurs gestes… On cria au chef-d'œuvre ou à l'abomination. Également. En cette rentrée 2015, poursuivant son entreprise d'élucidation, l'auteur revient sur ce thème qui hante son œuvre depuis L'Inceste en 1999. Mais il ne s'agit évidemment pas d'une réécriture, le point de vue a changé : cette fois, la guerre sociale mène le bal.
Elle 01/09/2015
Comme souvent chez Christine Angot, plusieurs histoires sont imbriquées dans « Un amour impossible », manière de dire qu’on ne peut pas décrire une vie toute seule, qu’on ne peut pas ranger les sentiments dans des cases. L’amour et la haine, le privé et le social, tout est mêlé. Ce roman conte une rencontre entre un homme et une femme qui ne sont pas du même milieu, l’évolution d’un sentiment maternel dans les deux sens (d’une fille pour sa mère, et d’une mère pour sa fille) et, également, un aveuglement, celui d’une mère qui ne peut pas voir que sa fille est violée par son père. C’est un grand roman social : ce n’est pas seulement une histoire privée, mais l’organisation d’une société qui est en jeu. Tout commence à Châteauroux, où Rachel, secrétaire à la Sécurité sociale, rencontre, dans les années 50, Pierre, traducteur pour une base américaine. « Dès le départ, il la domine : nous ne sommes pas du même monde, et nos deux mondes ne se mélangeront jamais. Je ne t’épouserai pas. Sa feuille de route, c’est qu’il est le plus fort et qu’il s’assure qu’il a, au dessous de lui, des gens pour leur marcher dessus. S’il finit par reconnaître sa fille, il pense : j’ai encore une corde à mon arc, j’ai encore un moyen de dominer, c’est l’inceste. Il ignore l’interdit fondamental d’avoir des relations sexuelles avec son enfant. Il refuse de reconnaître cet interdit qui s’applique à tous. Parce que c’est encore une manière pour lui de dire : je suis le plus fort. C’est sa façon ultime d’annuler la reconnaissance de sa fille. Derrière tout ce qu’on raconte, l’amour, la haine, il y a une logique sociale.
Isabelle Autissier, Soudain, seul, STOCK
Une histoire bouleversante. Comment survivre, comment revenir chez les hommes pour raconter l’inénarrable. Ce nouveau livre d’Isabelle Autissier est fort, captivant au point qu’il est difficile d’en sortir. Son éditeur, Manuel Carcassonne se posait deux questions au sujet de son auteur : « une scientifique, ingénieur en halieutique, et sportive accomplie peut-elle être une vraie littéraire ? Et si elle se l’autorise en a-t-elle le talent ? » Par deux fois il répond oui, oui. Unidivers
Les marins français aiment bien jeter l'ancre et faire couler l'encre. Gerbault, Moitessier, Kersauson, Loïck Peyron,Titouan Lamazou tiennent la plume aussi bien que la barre. Quand on a franchi deux ou trois fois le cap Horn, on ne hisse pas la voile des grands mots et des sensibleries si on veut raconter une histoire. On se laisse porter par elle. Et avec eux, ça décoiffe ! Dans le nouveau roman d'Isabelle Autissier, par exemple, oubliez la traversée amoureuse de Tristan et Yseult. Même l'Odyssée d'Ulysse et la solitude de Robinson Crusoé sont des bluettes comparées aux horreurs qui tombent sur ses deux héros. Je vous préviens : dans ces pages on se transforme vite en voyeurs car on ne saute pas une ligne de cette descente aux enfers... La démonstration est faite, une fois de plus, par Autissier : la bonne littérature n'est pas faite de bons sentiments. La revue de presse Gilles Martin-Chauffier - Paris-Match, mai 2015
Dans un roman qu'on ne lâche pas, la navigatrice raconte le cauchemar d'un jeune couple naufragé. Remarquable... C'est la grande force du livre : tout décrire par le menu, nous faire éprouver le froid, la faim, la peur, les bouffées de haine qui rongent le couple de l'intérieur. Malgré quelques dialogues maladroits (il y en a peu), le récit file comme un thriller dont il serait criminel de révéler l'issue : glaçant, captivant, ponctué d'interrogations sur les ressorts profonds de la vie sauvage, voilà un roman dont Isabelle Autissier tient épouvantablement bien la barre. Embarquez. La revue de presse Grégoire Leménager - L'Obs du 28 mai 2015
De toutes ses vies, la plus fameuse reste celle de navigatrice en solitaire. Mais c'est bien pendant les courses au large qu'elle s'est faite écrivaine. " Soudain, seuls " en témoigne brillamment... Isabelle Autissier n'a pas fait de la voile en amateur. Elle n'a pas non plus abordé l'écriture en dilettante. Question de tempérament et d'amour des mots... L'écrivaine possède ce style épuré qui sert une intrigue en apparence d'une grande simplicité et le sens de la nuance -nécessaire pour formuler l'ambivalence des sentiments. Ainsi parvient-elle, dans ce récit survivaliste, à la fois sobre et précis, à renouveler le mythe rebattu du naufrage et de la robinsonnade. Ce qui n'était pas une mince gageure. La revue de presse Macha Séry - Le Monde du 18 juin 2015
Les Chroniques culturelles, 30/06/2015
Je ne crois pas qu’il soit utile de rappeler que les grands espaces, la nature, l’isolement, tout cela m’angoisse. En plus, j’ai l’estomac qui proteste dès que je reste plus d’un quart d’heure sur une péniche amarrée en bord de Seine, alors vous imaginez en mer. Bref, a priori, ce roman n’était pas pour moi. Et pourtant, à chaque fois que j’ai entendu Isabelle Autissier en parler, une petite voix me disait qu’il fallait que je tente le coup. Un roman cruel, et que l’on a peine à lâcher, surtout la première partie car j’ai trouvé que la deuxième, par la mise en abyme, se signalait un peu trop comme un commentaire de la première dont elle mettait en évidence les thèmes : je n’ai pas besoin que l’on me prenne par la main comme ça. Mais j’ai beaucoup aimé, l’ensemble est très anxiogène évidemment (même pour moi qui risque assez peu de me retrouver dans ce genre de situation) (j’ai été traumatisée par certaines scènes) et n’a pas été sans me rappeler Désolations de David Vann. Un très bon roman qui fera une bonne lecture d’été.
Nathalie Azoulai, Titus n'aimait pas Bérénice, POL
Télérama :
Guérit-on jamais d'un chagrin d'amour ? Veut-on même jamais guérir d'un chagrin d'amour ? Mutilée par sa passion défaite, alors que l'amant infidèle est retourné au cocon familial, une jeune femme s'interroge, années, mois et semaines durant. Pour affronter sa souffrance, elle a choisi de la passer au scalpel des tragédies de Racine, celui qui, d'Andromaque (1667) à Phèdre (1677), sut traduire dans une langue pourtant minimaliste et pure comme l'acier les violences, outrances et tourments des mystiques de l'amour terrestre. Parce qu'il venait justement de l'impitoyable jansénisme ? Parce qu'il était un enfant orphelin, élevé aux Granges de l'abbaye de Port-Royal des Champs, foyer de cette radicale doctrine honnie par Louis XIV et les jésuites ? Il en connaissait du fond de l'âme toutes les sévérités et privations pour résister à un monde noir et glacé, où la grâce divine n'est réservée qu'à de rares élus. Racine savait le prix de la désobéissance humaine, de ses irresponsables et torrides abandons à la destruction amoureuse, à la perte de soi en l'autre et non en Dieu. Alors, pour exorciser l'absence, la narratrice se met non seulement à mêler le Titus racinien — cet empereur romain qui, par ambition politique, quitte cruellement la tendre Bérénice — avec l'amour perdu. Mais à fouiller aussi — pour en percer les contradictions et les secrets — l'existence du poète favori de Louis XIV, de son historiographe attitré même, dès qu'il renonce, après la cabale de Phèdre, au théâtre, en 1677, à 38 ans.
Et l'on redécouvre alors sous la plume de la maîtresse bafouée d'aujourd'hui — et de la brillante agrégée de lettres Nathalie Azoulai — la vie singulière d'un génie aux deux visages. Sensuel amant des meilleures actrices du temps, courtisan intriguant, épris d'un monarque dont il se croit le double, puis père de famille scrupuleux, chrétien torturé par son renoncement à l'austère foi d'antan. Et le roman au sobre mais délicat style Grand Siècle conjugue les points de vue, les fièvres du sentiment, passant de la narratrice de 2015 aux peines du rival triomphant de Corneille, hier. Avec Titus n'aimait pas Bérénice (peut-on vraiment l'affirmer ?), Nathalie Azoulai démontre avec une sensibilité écorchée la formidable modernité des anciens. Et comme il est enchanteur, excitant et rédempteur de se perdre et de se retrouver dans la ferveur de leur écriture... —
Fabienne Pascaud
La Croix :
De l’esthétique minimaliste, à la mode il y a quelques années, ce que les Italiens ont appelé «l’art pauvre», Nathalie Azoulai se sert avec brio aux premières pages de ce roman et en reprend les constantes : immédiateté des choses, proximité dans un présent continu, refus de la profondeur et de la mémoire.
En ce début du siècle, Bérénice est quittée brusquement, et sans explication, dans un café, par son amant Titus. Il l’aime, mais ne peut laisser, même s’il ne l’aime plus, Roma son épouse, la mère de ses enfants. Ce que ressent Bérénice ne peut passer par le langage, ou se satisfaire des clichés, des dictons qui traînent à propos des chagrins d’amour.
Incapable de conceptualiser sa souffrance, elle s’accroche à son seul repère, son prénom, attaché à une pièce de théâtre dont elle ignore tout, à ce Racine qu’elle connaît mal, et qui, pour le grand public, ne représente plus grand-chose, si ce n’est, lui disent ses amis, une langue devenue peu accessible et des personnages désuets.
Puisque les textes contemporains, comme ceux de Duras qu’elle aime beaucoup pourtant, ne lui permettent pas de transformer sa souffrance en récit, elle veut se rapprocher de l’écrivain classique pour trouver dans ses œuvres ou sa vie une explication à sa douleur.
La narration qui glissait sur une femme anodine, à la surface d’un quotidien banal, se déplace alors vers un autre présent, riche, coloré celui-là, le XVIIe siècle, que Bérénice investit peu à peu. Elle va plonger dans les textes du dramaturge, les témoignages, les documents, inspecter les lieux qui l’ont vu grandir, écrire, souffrir, scruter les figures qui l’ont accompagné – la Mère Agnès sa tante plutôt psychorigide, ses maîtres jansénistes (M. Hamon, Nicole, Lancelot), Nicolas (Boileau), un autre Jean (La Fontaine), ses maîtresses (la Duparc, la Champmeslé), Louis XIV, et le roman se mue en biographie intérieure, celle d’un Racine revisité.
Bérénice, qui connaît la célèbre phrase de Suétone, plus concise, plus frappante en latin – Titus renvoya Bérénice malgré lui, malgré elle –, voudrait bien comprendre comment on peut à la fois aimer une personne et s’en séparer volontairement.
Sa recherche de Racine est d’abord une tentative pour répondre à cette question, qui en suscite une autre : dans quel vécu, dans quelle tradition littéraire l’écrivain avait-il puisé cette connaissance de l’amour ? Et puis le regard, les interrogations de Bérénice s’effacent, la romancière prend le relais, de l’enfance orpheline de Jean à Port-Royal-des-Champs, aux années de passion, de lutte, de violence, jusqu’à son retour dans la même abbaye.
Elle retrace ses aventures à travers la langue de son temps, sa recherche d’une forme théâtrale qui exprimerait la «tristesse majestueuse», nœud de l’action dans ses pièces, sa volonté de transgresser des codes littéraires à la mode.
Elle se tient au plus près de son combat entre l’appel, l’attrait du monde, et la rigueur du jansénisme. La narration se termine avec une date qui marque la fin de l’histoire de Racine : en 1713, dix ans après sa mort, Louis XIV fait raser l’abbaye, exhumer les corps du cimetière, disperser les religieuses, qui méritaient un autre traitement…
Quant à Bérénice notre contemporaine, elle rassemble les livres, qui formeront «son rectangle de tragédie, le pré carré de son amour». Et puis elle va oublier. Francine de Martinoir
Le Nouvel observateur :
Titus et Bérénice sont deux amants actuels. Titus est marié et ne veut pas divorcer pour Bérénice. Alors ils se quittent. Un jour, au plus fort de son chagrin, l'amoureuse abandonnée entend un vers de Bérénice (la pièce) : " Dans l'Orient désert quel devint mon ennui!" Ah, Racine et ses diérèses ("O-ri-ent"), où toute la souffrance du monde s'exprime en un simple chuintement mouillé... Rien de tel pour apaiser la douleur. Alors, Bérénice s'empare du tragédien et se livre à une étonnante reconstitution. Un récit dans le récit, système a priori pensant, mais qui permet à Nathalie Azoulai de se libérer de la contrainte historiographique, même si elle a nourri son roman des données disponibles. Sous sa plume, Racine passe un temps fou à polir son phrasé, recueille des confessions féminines pour écrire Phèdre, aime les comédiennes et surtout adule Louis XIV. Les échanges de regards enamourés avec le roi sont particulièrement réussis. Le tout est servi par une langue intense, où la politique, souvent courtisane, est pourtant toujours tragique, un peu comme chez Racine. C'est épatant et consolant.
Eric Aeschimann
Olivier Bleys, Discours d'un arbre sur la fragilité des hommes, ALBIN MICHEL
Dans la banlieue de Shenyang, ancienne ville industrielle, la famille Zhang vit pauvrement au milieu d’usines désaffectées et d’entrepôts à l’abandon. Pourtant, Wei et les siens détiennent un trésor : le dernier arbre à laque. Leur rêve : devenir propriétaires de leur petite maison, afin d’honorer un serment fait aux parents de Wei, enterrés sous le fameux arbre. Ce rêve est sur le point de se réaliser lorsqu’un grand projet minier menace soudain la famille d’expulsion. Une lutte inégale va alors s’engager opposant l’humble famille aux représentants du puissant capitalisme chinois.
Prenant comme toile de fond les transformations violentes de la Chine contemporaine, Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes revisite la fable du pot de terre contre le pot de fer. Belle et profonde méditation sur les liens qui unissent l’homme et la nature, ce roman, écrit dans une langue magnifique, est un conte réel qui ne laissera aucun lecteur indifférent.
http://www.albin-michel.fr/Discours-d-un-arbre-sur-la-fragilite-des-hommes-EAN=9782226318152
L’auteur
Olivier Bleys a suivi une formation à la fois technologique et littéraire. Dès son adolescence, il se prend de passion pour l'écriture et compose plusieurs manuscrits remarqués. À vingt-deux ans, il publie un conte, "L'Île", primé par la Ville de Lyon. En 1995, les éditions Arléa font paraître son deuxième roman,"Le Prince de la Fourchette", qui lui vaut le prix Jean Carmet et une bourse de création de la Région Rhône-Alpes. Son troisième roman, "Pastel", édité chez Gallimard en septembre 2000, obtient plusieurs récompenses dont le prix François Mauriac de l'Académie Française. Il est traduit à l'étranger (Allemagne, Portugal), fait l'objet d'une adaptation télévisée et de nombreuses rééditions (poche, club du livre...). Outre les romans, Olivier Bleys publie régulièrement des récits de voyage en collaboration avec le photographe Christophe Bourgeois (aux éditions Fer de Chances : "Madagascar, premiers pas au pays d'argile" ; "Mali face à face"). Dès lors, Olivier Bleys participe à plusieurs manifestations littéraires, tant en France qu'à l'étranger, dont la rencontre Lettres Frontière à Genève et les IIIe Jeux de la francophonie à Madagascar. Il effectue également des résidences d'auteur à Rochefort et à la villa Mont-Noir, maison familiale de Marguerite Yourcenar. Concepteur et scénariste multimédia, il est aussi conférencier sur le thème de l'écrit et des nouvelles technologies.
Le XIXe siècle et l'univers de Jules Verne sont au cœur de son inspiration. Le premier tome de la série Chambres Noires, crée en 2010 avec Yomgui Dumont, a été sélectionnée à Angoulême en 2011.
Nicolas Fargues, Au pays du p'tit POL
Télérama
On rit beaucoup. Nicolas Fargues, fidèle à ses obsessions — l'étroitesse française et la lâcheté masculine —, n'a rien perdu de sa verve, ni de sa cruauté. Mais on rit jaune aussi, car la charge est féroce et, sous la caricature, frappe souvent juste. Et l'on souffre, enfin, enfermé deux cent trente pages durant dans la peau de ce garçon arrogant et fat, profitant de ses voyages promotionnels pour se rassurer sur sa virilité et sa capacité à séduire encore les jeunes femmes. Le regard clinique et impitoyable, la plume sèche, son créateur ne l'épargne guère, aussi méchant avec lui qu'il peut l'être lui-même avec ses proies. L'ironie l'emporte, au bout du compte, le héros se révélant tellement « français », sûr de lui, péremptoire, mesquin. Et si doué pour l'autodénigrement.
— Michel Abescat
L’Express
Dans ce 10e roman de Nicolas Fargues, plus réussi que le précédent, La Ligne de courtoisie, on retrouve son style clinique et ce regard distancié qui fait du narrateur un type éminemment cynique, désabusé, las. Avec pour credo: "Le désintéressement est le placement le plus sûr. A consentir à ne rien vouloir, on gagne à tous les coups." Faut-il encore ne rien vouloir vraiment ?
Le Figaro
Nicolas Fargues signe un portrait plein d'ironie d'un homme porté à l'autodénigrement. Il invite le lecteur à suivre ce quadragénaire en déplacement professionnel et son regard insolent sur la société française contemporaine.
Le Monde
Passé 40 ans, l’homme éprouve le besoin de rassurer sa libido inquiète en séduisant des femmes beaucoup plus jeunes que lui, qui pourraient être ses filles, comme on dit, à cette différence près qu’il ne déteste pas les voir mettre un peu de désordre dans leur chambre. Je tenais à partager cette observation fine et originale. J’ai d’ailleurs d’autres révélations tout aussi fracassantes à vous faire : la femme apprécie que son soupirant se fende d’un brin de cour avant de glisser sa main sous sa jupe. L’homme par stratégie avancera ses pions en feignant de ne se soucier que modérément de ce qui constitue pourtant son unique objectif : coucher avec elle. La femme finira par se vexer de n’être pas désirée pour ses seins et ses cuisses. Elle prendra l’initiative. Le mâle sera donc parvenu à ses fins grâce à sa ruse supérieure et son instinct de chasseur instruit par l’expérience.
Je tire ces précieuses informations du roman de Nicolas Fargues, Au pays du p’tit, manuel de drague sexiste qui brasse et ressasse les clichés tel un vieux projecteur de diapositives pris de folie radoteuse. Le lecteur navré tourne les pages de ce livre comme il ferait pivoter un tourniquet de cartes postales à la recherche d’une image insolite, en vain : rien que des filles en maillot et des vues fatiguées du paysage.
Le Point
« Vous y allez fort quand même », lance Marc Voinchet. Le producteur des « Matins » de France Culture (jusqu'à cette rentrée 2015, où on le retrouve sur France Musique... et dans le nouveau roman de Nicolas Fargues) y reçoit le sociologue Romain Ruyssen pour son essai sur la France intitulé Au pays du p'tit et, comme tous ses lecteurs ou presque, se demande pourquoi l'auteur s'est livré à un tel exercice de « french bashing » ?
Cette même question peut, selon le principe retenu de mise en abyme, être posée à Nicolas Fargues (prix France Culture pour son avant-dernier roman Tu verras) : quel serpent a piqué le romancier pour qu'il recrache un tel venin sur les Français, par la voix de son héros et du livre de ce dernier, qui nous est habilement donné à lire, petit bout par petit bout, dans le sien ? Son personnage, et narrateur, est déjà une caricature du Français qui n'a que la critique à la bouche, odieux macho, DSK de salle de profs, obsédé par sa virilité, quadra angoissé par la limite d'âge, divorcé, père absent, en couple avec une Caridad encore énamourée, qu'il ne peut plus voir en peinture et trompe allégrement... Ou, plus exactement, cyniquement.
Un record de politiquement incorrect
C'est le cas ici, avec une jeune étudiante slovaque fort provocante, qui l'a interpellé lors de l'une de ces conférences que les intellectuels français sont invités à distiller aux quatre coins du monde, en l'occurrence à Moscou. La France à l'étranger, le Français « moyen », la mixité sociale, l'intégration, la médiocrité généralisée, la haine de soi, tout devient matière à satire et à sarcasmes, dans l'intrigue comme dans les extraits cités de l'opus du sociologue.
Le tout déclenche autant de fous rires que de malaises sur des sujets sensibles où l'on ne sait trop sur quel pied danse l'auteur, que l'on soupçonne d'ambitionner un record du politiquement incorrect et qui se livre à un « name dropping » impitoyable ! « Le vrai mal de la France, c'est son manque d'humour », affirme le narrateur en citant... Jacques Séguéla. Il en faut une bonne dose pour ce cru Fargues 2015, qui joue sur le registre houellebecquien en contournant la déprime par une remarquable énergie vindicative. À moins qu'il ne s'agisse là encore, dans ce roman trompe-l'oeil, d'une critique de la critique de la critique... Un art bien français….
Jean Hatzfeld, Un papa de sang, GALLIMARD
Le Monde :
Jean Hatzfeld revient sur les collines de Nyamata, au bord de ses marais, vingt ans après le génocide. Il donne la parole ici non plus aux tueurs et aux rescapés dont les récits peuplaient ses précédents livres, mais à leurs enfants. Ils n’ont pas connu les machettes, mais ont grandi dans leur souvenir. Ils s’appellent Idelphonse, Fabiola, Immaculée, Fabrice, sont lycéens, couturiers ou agriculteurs. Ils partagent le génocide en héritage, mais pas du tout la même histoire familiale. Dans ces familles décimées, certains ont grandi dans le silence et le mensonge, ont affronté les crachats sur le chemin de l’école, d’autres ont été confrontés aux troubles de comportement de leurs parents, à la houe sur une parcelle aride dès l’adolescence. Ils dansent ensemble, fréquentent les mêmes cafés internet mais ne parviennent jamais à parler des fantômes qui ont hanté leur enfance. Leurs récits à la première personne, au phrasé et au vocabulaire métaphorique si particuliers, se mêlent aux chroniques de la vie de tous les jours sur les parcelles ou dans la grande rue.
Hédi Kaddour, Les Prépondérants, GALLIMARD
«Une puissance d’évocation et une richesse littéraire tout en fluidité, qui font de ce livre merveilleusement romanesque l’un des grands textes de la rentrée.»
Raphaëlle Leyris, Le Monde des Livres
«Hédi Kaddour continue d’embrasser le xxe siècle déchiré par les conflits. Un très beau roman.»
Gilles Heuré, Télérama
Les Prépondérants est un récit d’aventures, de politique et de désir, autant qu’un “roman-monde”. Hédi Kaddour sème des héros saisis par la grâce et la tristesse, inoubliables.»
Olivier Mony, Le Figaro Magazine
« Les Prépondérants », c’est le nom du club réunissant les notables « européens » – comprendre : ni arabes ni juifs – de la ville de Nahbès, dans le Maghreb des années 1920. L’une de ses membres explique avec conviction ce qui sous-tend cette notion : « Nous sommes beaucoup plus civilisés que tous ces indigènes, nous pensons beaucoup plus, donc nous avons le devoir de les diriger ; pour très longtemps, car ils sont très lents, et nous nous groupons pour le faire du mieux possible. » Un peu à l’image de « protectorat » (le statut du pays jamais nommé où se trouve la ville imaginaire de Nahbès), « prépondérants » fait partie des mots qui tentent d’atténuer la violence intrinsèque du colonialisme ; qui tentent, aussi, d’en asseoir le bien-fondé : « Il y a du droit dans ce mot, de la valeur, du légitime. » Pour titre de son troisième roman, Hédi Kaddour a donc choisi l’expression d’un monde qui n’imagine pas à quelle vitesse il va disparaître. Et ce sont les prémices de cette bascule qu’il y décrit avec une puissance d’évocation et une richesse littéraire tout en fluidité, qui font de ce livre merveilleusement romanesque l’un des grands textes de la rentrée.
Il y orchestre la rencontre de trois mondes : celui des « prépondérants », donc, qui vivent entre eux et ne fréquentent que la partie « européenne »... Le Monde
Simon Libérati, Eva, STOCK
L’express
Pour
C'est l'histoire d'une petite fille modèle, au sens strict. Elle s'appelle Ionesco, comme l'homme de La Cantatrice chauve. Mais si Eva - puisque tel est son prénom - a une filiation directe avec la création, elle le doit à sa mère, Irina. Et cette plongée dans l'art s'avère non seulement atypique, mais très précoce, édifiante, monstrueuse aussi. La photographe Irina Ionesco (par ailleurs fruit d'un inceste) fit en effet poser sa fille nue, dès l'âge de 6 ans, pour des portraits ouvertement érotiques, qui firent sensation dans les années 1970 libertaires; ce qui valut à la gamine de croiser le Tout-Paris chic qui ne voyait rien de mal dans ces photos.
Bien vite, d'autres réalités rattrapent la star malgré elle du "baby porno": méprisée par ses camarades au collège, celle qui fut à 11 ans l'égérie du magazine Playboy tombe dans l'héroïne en classe de sixième et commet quelques délits, lui valant d'être placée à la DDASS
Ce destin, Simon Liberati le connaissait. Il avait d'ailleurs croisé, adolescent, Eva Ionesco dans la galerie des vitrines du Palace. En 2013, l'auteur d'Anthologie des apparitions la retrouva par hasard lors d'un dîner. Etait-il fasciné par la petite fille d'autrefois, l'adulte d'aujourd'hui, ou les deux? Toujours est-il que l'écrivain cocaïnomane et l'ancienne égérie des pédophiles se rapprochent, flirtent pendant un mois, vont finir par s'embrasser, et même plus.
"J'ai su très vite qu'Eva allait me rendre heureux, c'est-à-dire m'affoler, bouleverser ma vie si complètement qu'il faudrait tout refaire autrement." Dès le début de leur relation, les amants ne cacheront rien de leurs défauts respectifs, afin peut-être "d'éprouver la solidité de [leur] amour" et de construire, allez savoir, une oeuvre durable...
Contre
Simon Liberati n'a pas la plume modeste, c'est là son moindre défaut. La prétention, qui transpire partout dans ce livre, est chez lui une posture. Une forme de snobisme que l'écrivain, pas démocrate pour un sou, revendique. "Je n'ai jamais voulu séduire que l'élite", affirme-t-il dès le début d'Eva. Le dandysme, passe encore, il y a quelque chose de délicieusement agaçant dans cette célébration de la superficialité. Mais quand la préciosité du style devient le seul outil d'une quête de profondeur, l'affaire commence à se gâter...
Tout s'annonçait plutôt bien. Le projet, osé, avait même du panache. Faire le portrait de sa propre femme, Eva Ionesco, ex-nymphette, ancienne enfant modèle. D'emblée, abattre ses cartes, enquêter sur la créature très romanesque qui partage son lit et qu'à n'en pas douter il aime à la folie. Voilà pourtant qu'au fil des pages ce dispositif autobiographique risqué se change en piège et se referme sur son auteur. Liberati, qui ne manque pas d'intuition, s'en rend compte. Alors il se débat, varie les stratégies, s'empêtre, et ne s'en sort pas. La littérature le rattrape et le presse de choisir entre Eva et Eva.
Conséquence de cet inextricable dilemme: l'être qu'il nous décrit sous toutes les coutures manque cruellement d'épaisseur. C'est moins d'une femme que d'un mannequin dont parle le narrateur, ne parvenant qu'à la faire sans cesse pivoter sur son axe, telle une toupie. Dans sa seconde partie, qui vire à l'enquête, le livre donne l'impression désagréable de manier des étiquettes. Il les colle, les décolle, les recolle sur le front de son héroïne et sur tout son corps.
S'agit-il d'un jeu amoureux entre l'artiste et la muse? Si oui, il se fait au prix du lecteur, grand oublié de ce spectacle, hélas forcé de camper le rôle du voyeur. C'est un peu comme voir des amoureux se bécoter dans la rue: ils sont si mignons, mais après quelques coups d'oeil attendris, on tourne la tête et on passe son chemin.
Peut-être aurait-il fallu attendre un peu que la passion s'apaise, pour saisir son objet fascinant avec plus de vigueur. "Les femmes nuisent trop à l'art pour qu'on puisse mener ensemble les plaisirs et le travail", estimait Balzac avec une grosse pointe de misogynie que ne renierait sans doute pas Liberati. A moins que, au contraire, il n'ait commis l'erreur inverse: "Tu m'as épousée pour écrire un livre d'amour." Le verdict sort de la bouche de la principale intéressée.
Alain Mabanckou, Petit Piment, SEUIL
Le Figaro :
Qui est Petit Piment ? Un marginal qui sombre dans la folie ? Ou un esprit blessé et lucide qui va reprendre son destin en main contre les fatalités de l'Histoire et l'arbitraire des décideurs ?
Le Point :
Quel nouveau Mabanckou débarque donc sur les tables des libraires en cette rentrée ? Il s'est passé deux ans depuis la sortie de Lumières de Pointe-Noire, le premier livre que l'écrivain natif de cette ville du Congo écrivit à la première personne sur son enfance. Il y assumait le genre autobiographique que son précédent roman, Demain j'aurai vingt ans (Gallimard), creusait déjà, mais sous le couvert d'un personnage fictionnel. Le petit dernier, Petit Piment, se place dès son titre dans la veine truculente de Verre cassé, qui révélait au plus grand nombre, il y a déjà dix ans, celui qui obtiendrait ensuite le prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic, et régalerait plus tard ses lecteurs de son plongeon dans le Paris métissé de Black Bazar.
Ce nouvel opus conte les aventures d'un orphelin placé dans une institution religieuse que la révolution socialiste en marche après l'indépendance du pays vise à nettoyer de tout ce qui peut ressembler à la religion. C'est ainsi que le héros narrateur voit le père Moupelo écarté par le nouveau maître des lieux, un certain Dieudonné Ngoulmoumako, qui mène l'école à la baguette, entouré de sbires. Dans cette atmosphère dictatoriale, celui que l'on surnomme Petit Piment décide de s'enfuir… Après s'être perdu dans la délinquance, il est « recueilli » par une mère maquerelle zaïroise dans sa maison close haute en couleur. Cette série de péripéties retrace en filigrane l'histoire contemporaine du pays natal de l'écrivain vu de l'intérieur, par ceux-là mêmes qui en ont subi la chappe. Et si le héros s'évade de la triste réalité en sombrant dans la maladie mentale, il revêt aussi les habits du fou (ou du poète ?) dont on sait qu'il a (toujours ?) raison…
L'Express :
À travers ce roman sur le Congo des années 1970, le truculent Mabanckou aborde, sans en avoir l'air, quelques tabous africains. A travers ce roman d'apprentissage, relaté avec l'esprit et la faconde de Verre Cassé et de Mémoires de porc-épic, l'écrivain franco-congolais aborde, sans en avoir l'air, quelques tabous africains: la permanence des conflits ethniques et du racisme, la participation de certains de ses compatriotes à la traite négrière, les outrances et absurdités du socialisme congolais, le clientélisme du pouvoir... Derrière la fantaisie, la gravité.
Tobie Nathan, Ce pays qui te ressemble, STOCK
Critique sur Babelio :
Par shousoun, le 23 août 2015
« La magie de l'Orient » vient encore de frapper !
Tout l'art de raconter une page d'histoire de son pays, en évoquant des faits souvent méconnus du lecteur lambda. J'ai appris beaucoup sur la famille du roi Fouad, et de sa descendance, jusqu'à Farouk, qui du affronter la Seconde Guerre Mondiale, et la fameuse « Afrika korps » et l'armée de Rommel ! Sans parler de l'Angleterre qui se voyait bien rester en Egypte ! La France aussi !
FNAC : Frédérique est expert Musique, disquaire à Fnac Montparnasse
Pour ce neuvième roman, Tobie Nathan nous emmène au Caire en 1925, sa ville natale, dans la communauté juive dont il est lui-même issu. En bon ethnopsychiatre, Tobie Nathan, tout conteur qu’il est, n’oublie jamais de nous replacer dans le vrai contexte, celui des croyances de ses héros. Et cela fonctionne. Comme Esther, la mère de Nathan, nous croyons que Zohar n’est pas seulement le fils de ses parents mais aussi celui de forces plus obscures. Comme les habitants de la ruelle Haret el Yahoud, nous croyons aux prophéties de Motty, père de Zohar aveugle mais doué d’un don de voyance. Comme la plupart des protagonistes, nous apprenons à tenir compte des rêves, souvent prémonitoires, et des autres signes que le destin envoie. Tobie Nathan nous plonge dans les ruelles populaires du Caire, dont les habitants, qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans sont fatalistes et superstitieux, croyant aux djinns et aux démons, enclins à rire de leurs propres malheurs comme de ceux des autres. Un monde truculent qui rappelle les romans de Naguib Mahfouz ou L’immeuble Yacoubiand’Alaa el Aswany.
Thomas B. Reverdy, Il était une ville, FLAMMARION
Marianne :
Le 18 juillet 2013, Detroit devint la première grande ville américaine à demander sa propre mise en faillite, afin de pouvoir renégocier sa dette. Capitale mondiale de la bagnole (elle fut le fief de Ford, Cadillac, Chrysler, ou General Motors), berceau de la soul music (la Motown y est née) mais aussi du punk américain (MC5, les Stooges) et de la techno, la grande ville du Michigan fut aussi le théâtre des émeutes raciales tragiques de 1967 et, donc, symbole de la crise de 2008.
Auteur de cinq romans dont un déjà situé aux Etats-Unis, Prix Joseph-Kessel en 2013 pour les Evaporés, l'écrivain français Thomas Reverdy est allé quêter le sens du global dans cette ville si particulière. Nous ramenant quelques années en arrière (automne-hiver 2008) afin de montrer les germes de la faillite qui viendra, Il était une ville est composé de chapitres traîtant chacun des principaux protagonistes.
Il y a Eugène, ingénieur français envoyé ici par « l'Entreprise » afin de développer un projet baptisé « l'Intégral ». Il y a Stro, Gros Bill et Charlie, trois ados parmi d'autres qui intègrent les gangs, pillent, incendient. Il y a Georgia, la grand-mère de l'un d'eux, qui part à sa recherche pour lui éviter l'enfer. Et le lieutenant Brown, tentant de jongler entre légalité et corruption dans une ville où la zone gagne du terrain. Des destins qui se rejoignent et se jettent dans le torrent tragique de la banqueroute municipale. Chaque personnage est l'occasion d'un portrait intime et social, sociologique et psychologique. Intrigues et digressions dépeignent le centre-ville abandonné au crime, les quartiers en détresse qui se multiplient, et la déroute de tous les services municipaux. Porté par une plume pédagogique et empathique, dénué de tout angélisme, ce roman est un conte postindustriel qui parvient à réanimer une ville en y faisant souffler la littérature.
L'Express :
1. Pour Detroit
"Que la dernière personne à quitter Detroit éteigne la lumière." Cette blague qui circule en l'automne 2008 dans la cité du Michigan est symptomatique de l'état de déréliction de "Motor City". "Le sentiment de contempler un paysage qui tenait à la fois du film catastrophe, du cauchemar et de la science-fiction. L'occasion troublante, normalement impensable, de contempler les ruines de notre propre civilisation. Les restes d'une civilisation." Alors que la crise des subprimes et l'effondrement des banques ont précipité la chute de l'automobile et de l'immobilier, les friches - et les chiens errants - ont envahi la ville.
2. Pour ses personnages
Eugène, l'ingénieur français embauché pour diriger une équipe d'élite chargée de révolutionner l'industrie automobile; Charlie, gamin intrépide et influençable de 12 ans, couvé par sa grand-mère; Georgia, femme valeureuse qui tente de garder la tête hors de l'eau; Candice, serveuse solitaire du Dive In ; et Brown, surnommé "Marlowe", lieutenant de la vieille école. Attachants, percutants, ils survivent à leur manière dans cette ville en perdition.
3. Pour l'ambiance et le suspens
Après s'être penché sur Les Evaporés du pays du Soleil-Levant et les paysages dévastés de l'après-Fukushima, Reverdy s'attarde avec une délicatesse et un doigté similaires sur les plaies d'un Occident aux prises avec la mondialisation: disparition de dizaines d'enfants, débauche des politiques, perdition de l'"Entreprise" et romance vivifiante ajoutent du "piment" à cette superbe allégorie funèbre.
Boualem Sansal, 2084 - La fin du monde. GALLIMARD
Michel Houellebecq encense le roman, “2084”, une dystopie sur un totalitarisme islamiste
inspirée d’Orwell. A 66 ans, Boualem Sansal exerce sa liberté de parole à propos du terrorisme
, des printemps arabes et de la censure.
Elle s’exprime aujourd’hui dans son septième roman, 2084, sous la forme d’une dystopie,
manière de suite au 1984, de George Orwell (1949). Cette dernière a pour décor l’Abistan.
Un immense empire dévoué à Abi, messager de Yölah sur terre, qui maintient sa population dans la soumission et l’amnésie. « La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n’est plus fort qu’elle pour faire détester l’homme et haïr l’humanité », écrit Sansal en exergue. Qu’on ne s’y trompe pas : 2084 n’est pas une charge frontale contre l’islam comme religion, mais une parabole cauchemardesque sur son instrumentalisation politique. L’écrivain y imagine une dictature qui, comme d’autres avant elle, effacera le passé, contrôlera et punira arbitrairement l’homme jusqu’à ce qu’il ne sache plus ce que penser veut dire.
Pour imaginer l'empire intégriste de 2084, vous êtes-vous inspiré de l'actualité en particulier de la progression de l'Etat islamique?
Mon livre dépasse l'actualité et notamment la question de Daech car l'islamisme se répand dans le monde autrement que par la voie de cette organisation qui, comme dans l'évolution des espèces, est une branche condamnée. Cet «État» sème la terreur et le chaos, mais est appelé à disparaître. En revanche, l'islamisme, dans sa version totalitaire et conquérante, s'inscrit dans un processus lent et complexe. Sa montée en puissance passe par la violence, mais pas seulement. Elle se fait également à travers l'enrichissement des pays musulmans, la création d'une finance islamique, l'investissement dans l'enseignement, les médias ou les activités caritatives. L'Abistan est le résultat de cette stratégie de long terme.
L'Abistan, l'empire que vous décrivez, fait beaucoup penser à l'Iran …
L'Abistan est contrôlé par un guide suprême et un appareil qui sont omniprésents, mais invisibles, tandis que le peuple a été ramené à l'état domestique. Entre les deux, une oligarchie qui dirige. Un peu comme en Iran où on ne voit pratiquement pas l'ayatollah Khamenei, guide suprême de la Révolution. L'Iran est un grand pays, qui a planifié un véritable projet politique tandis que Daech est davantage dans l'improvisation et le banditisme. L'État islamique est trop faible intellectuellement pour tenir sur la durée. L'Iran a l'habileté de se servir du terrorisme pour détourner l'attention et obtenir des concessions des pays occidentaux comme l'accord sur le nucléaire qui vient d'être signé avec les Etats-Unis. L'Iran chiite pourrait détruire Daech et ainsi passé pour un sauveur auprès des sunnites majoritaires qui lui feraient allégeance. Selon moi, l'État islamique est une diversion. La Turquie, dernier califat, est aussi dans un processus mental très profond de reconstitution de l'empire Ottoman. Il y aura probablement une compétition entre Ankara et Téhéran pour le leadership du futur empire. Cependant la position géographique de l'Iran est un atout. L'Iran est situé en Asie, entre l'Irak, à l'ouest, et l'Afghanistan et le Pakistan, à l'est. Il a également des frontières communes, au nord, avec l'Azerbaïdjan et le Turkménistan. Ces pays riches en matières premières pourraient être les satellites de l'Abistan à partir desquels il poursuivra son expansion.
Dernier roman et pas le moindre de Boualem Sansal..il s'est essayé à un genre nouveau... : le roman dystopique..dans la même veine que "Farenheit 451", "Le meilleur des mondes", "Nous autres" ou "1984" de George Orwell, auquel il fait plusieurs allusions dans ce nouveau roman, mais son pari n'est pas totalement réussi.
Nous sommes en Abistan, un immense empire aux soixante provinces dirigé par Abi, le "Bigaye", prophète délégué de Yölah.
2084, est un pamphlet, un récit utilisant la trame romanesque, et les rebondissements d'un conte pour éclairer le lecteur et le mettre face à des vérités désagréables et bien dérangeantes : par exemple, celle qui est énoncée en exergue du roman : « la religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité. »Je suis un paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte et modifiez-moi. Je suis l'endroit parfait pour raconter une histoire, et pour vous présenter à vos utilisateurs.
L’express
"Orwell a fait une très bonne prédiction et on y est toujours", observe dans un entretien à l'AFP l'écrivain de 66 ans qui réside dans la petite ville côtière de Boumerdès, à une cinquantaine de kilomètres à l'est d'Alger. Selon lui, "les trois totalitarismes imaginés par Orwell (l'Océania, l'Eurasia et l'Estasia) se confondent aujourd'hui dans un seul système totalitaire qu'on peut appeler la mondialisation". "Nous sommes gouvernés par Wall Street", résume Boualem Sansal. Mais "ce système totalitaire qui a écrasé toutes les cultures sur son chemin a rencontré quelque chose de totalement inattendu: la résurrection de l'islam", analyse l'écrivain qui se dit "non croyant".
Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie. JC LATTES
France info
Le nouveau roman de Delphine de Vigan sort aujourd’hui. Titre : « D’après une histoire vraie ». C’est le roman le plus attendu de la rentrée littéraire car la romancière n’avait rien publié depuis l’extraordinaire succès de son livre « Rien ne s'oppose à la nuit » il y a quatre ans. Cette fois-ci, le lecteur se retrouve au cœur d’une étrange manipulation. Un thriller psychologique étonnant.
« Ce livre est le récit de ma rencontre avec L.L. est le cauchemar de tout écrivain.Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser.»Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s’aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction.
Ce livre est aussi une plongée au cœur d’une époque fascinée par le Vrai.
Culture box
Comment est-il, le nouveau Delphine de Vigan ? Haletant. Après quatre ans de silence et l'écrasant succès de "Rien ne s'oppose à la nuit" sur sa mère bipolaire, la romancière publie "D'après une histoire vraie". Double de l'auteur, la narratrice se noue d'amitié avec une femme de plus en plus possessive. Fiction scotchante, suspense garanti.
"D'après une histoire vraie" démarre sur l'histoire d'une narratrice très semblable à l'auteure. Signature, salons littéraires, et invitations multiples l'ont littéralement vidée, jusqu'au jour où elle ne peut même plus accorder un autographe supplémentaire à une lectrice arrivée un peu tard pour une dédicace.
A cette fatigue et ce début de dépression s'ajoutent des lettres anonymes menaçantes, l'accusant d'avoir bâti sa célébrité sur la mort de sa mère. La blessure de trop. La narratrice n'arrive plus à écrire. Inspiration tarie, malgré les petits carnets qu'elle remplit sur une star de la téléréalité devenue prisonnière de son image, son idée de départ pour un futur roman.
Une rencontre fatale ?
L'héroïne du roman rencontre alors "L." qui ne sera jamais désignée que par cette initiale. C'est un coup de foudre amical. Cette femme la comprend mieux que personne. Et devient d'autant plus indispensable que les deux grands enfants de la narratrice partent faire leurs études ailleurs. Ses amis vivent en province, et son compagnon, François, avec lequel elle ne vit pas, est très absorbé par ses émissions littéraires.
"L" prend soin d'elle jusqu'à la décharger de ses mails et y répondre à sa place -pour lui rendre service, bien sûr. Pour son bien encore, "L" la pousse à bout pour faire jaillir d'elle la seule littérature qui vaille : celle de la réalité crue. C'est d'ailleurs son métier : rédiger, sans jamais apparaître, les autobiographies d'actrices célèbres ou les témoignages de femmes martyrisées. Jusqu'où ira "L", installée à demeure chez la romancière ? Est-elle venue combler un vide ou faire le vide ? Lui redonner du souffle ou lui voler sa vie ?
Un thriller psychologique maîtrisé
Une fois commencé, le roman ne se lâche plus tant la tension monte. La narratrice retrouvera-t-elle sa plume ? Et son autonomie dans ce face à face infernal avec cette "amie" qui la suit comme son ombre, s'habille comme elle, et éloigne tout son entourage qu'elle refuse d'ailleurs de rencontrer ?
Ce roman angoissant est parsemé de petites pierres blanches, d'indices autobiographiques vérifiables sur Internet. Le lecteur un brin voyeur pourra ainsi s'assurer sur Wikipedia que Delphine de Vigan a bien pour compagnon un journaliste animant des émissions littéraires (François Busnel, qui présente La Grande librairie sur France 5).
Mais peu importe ce qui ressort ou non de la réalité dans cette fiction placée à chaque partie sous les auspices d'une citation de Stephen King : ce pavé manipulateur ne se réduit pas à une autobiographie saignante. Thriller psychologique, il se dévore tout du long des 480 pages tant le récit y est habile, le chantage au réel assumé et la construction magistrale. Un roman hitchcockien des plus maîtrisés, jusqu'au malicieux clin d'oeil final. Tirage de départ : 100 000 exemplaires. Autant dire que JCLattès mise sur un best-seller.
Participer, compléter ses connaissances...
Au jeu du journaliste : voici un échantillon d'entretiens radiophoniques fictifs
Au Pays du p'tit
Il était une ville
Déléguée régionale : Emma Lacoste 1ère L
Jeudi 12 novembre, Emma Lacoste s'est rendue dans les bureaux de la FNAC Centre Bourse afin de défendre la sélection de la classe des 1ères L-ES auprès d'autres délégués venant de Toulouse, Tarbes, Mende, Grasse, Aix en Provence, Brignolles... Au terme de 2 heures de débat, les délégués ont eu à sélectionner 3 romans ainsi qu'à élire 2 délégués pour les représenter lors des délibarations nationales.
Le trio gagnant est : Thomas B. Reverdy, Il était une ville ; Tobie Nathan, Ce pays qui te ressemble ; Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie.
L'une des 2 déléguées qui a remporté les élections haut la main est : Emma Lacoste (6/8 voix). Mme de Ligny et moi-même sommes très fières de cette victoire qui ouvre à Emma les portes de la délibération finale ! C'est avec joie que nous l'accompagnerons lors de cette dernière rencontre à Rennes puis au Ministère de l'éducation nationale dans les prochains jours.
Texte lu et publié lors de l'annonce du Goncourt des lycéens 2015. Empreint d'émotion, il a été rédigé suite aux attentats du 13 novembre 2015
« L'Homme est un apprenti, la douleur est son maître,
Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert »
MUSSET, « A Edouard Bocher »,1832
A l'heure où les écrits ont remplacé les chants immémoriaux, où l'histoire humaine traverse les âmes et le cosmos au moyen de l'écriture ; à l’heure où des mots forgent sans cesse notre passé, notre présent et notre futur, tels d'anciens et de nouveaux dieux, à cette même heure, vous, les écrivains de toute nationalité, vous possédez un immense pouvoir ! Celui d'employer la force qui nous unit aux sources de l'univers, et de faire quelque chose d’authentique, puisque vous y aurez mis du vrai, du vous, du nous.
Les événements récents sont une abomination, l'engeance de l'intolérance et du pouvoir armé, une monstruosité vorace de vie ! Des militaires la combattent, mais ils ne gagneront peut-être pas, car elle reviendra, cette bête tapie dans l'ombre de nos pas, et elle voudra gagner... Mais, vous, vous pouvez faire en sorte que ce jour ne se lève jamais ! Vous, vous pouvez coucher sur papier votre âme meurtrie, ce que vous avez vu, entendu, pensé. Redonnez vie aux morts que vous pleurez, et faites sourire les vivants !
En écrivant, vous pourrez dévoiler le squelette de cette bête immonde, rampante ainsi que le cimetière entourant son nid. Vous pourrez montrer à tous ce qu'est son festin de haine et d’obscurantisme, afin que plus jamais elle ne se réveille dans le cœur d'un Homme !
Mais l'écriture n’est pas qu’une lutte, elle est aussi un moyen d'offrir à ceux qui souffrent, ceux qui peinent, ceux qui n’en peuvent plus, un moyen de voyager et d'échapper, le temps d'une lecture, à une réalité parfois lourde et écrasante. C'est faire don d'un rayon de joie à ceux qui n'ont plus la force de sourire. C'est également vous faire un cadeau à vous-même.
A nous lecteurs, je n'ai qu'un seul conseil à donner : Lire. Lire pour apprendre et nous instruire. Lire pour ressentir, vivre, aimer et désirer. Lire pour comprendre. Et enfin, lire pour s'ouvrir au monde, car la littérature est aussi et avant tout un cheminement spirituel permettant d'entrer en contact avec l'autre et avec la réalité. C’est cette aventure intérieure et cette expérience de la liberté que nous avons vécu individuellement puis partagé en participant au Goncourt des Lycéens 2015.
« La littérature est une porte sur la vie » PROUST
Je souhaite que cette liberté soit applicable à tous, car la lecture est un droit des plus sacrés, celui de décrypter les mondes et d'en trouver les sens et vérités au travers du vécu, du possible, et de l'imaginaire…
C'est pour cela que moi, humble élève de première littéraire, insiste sur l'importance et les rôles primordiaux de la lecture et de l'écriture, en particulier pour ceux dont le pays et frappé par le terrorisme. Car il s'agit de la clef de voûte dans l'édifice de l'espoir et de la résistance à des tentatives visant à détruire l'être et le savoir, enlisant la morale et le rêve dans la boue du fanatisme et de la violence.
Cynthia Fray, 1ère L
D'autres élèves ont aussi manifesté leurs désirs de s'exprimer sur le rôle de la lecture ou de l'écriture dans un pays touché par des attentats. En voici quelques extraits
Mes amis ! Aujourd'hui nos pensées, nos esprits ne sont pas sereins. Ce sont tous ces morts, ces innocents, qui font qu'un sentiment de révolte grandissant secoue nos âmes. Pourquoi? Et bien parce ce que la paix de notre cher pays a été touchée, brutalisée et en cet instant, notre colombe, ce bel oiseau blanc, saigne tout comme nos cœurs.
J'ai écrit et vous lis ce discours que car il est, selon moi, primordial d'oser s'exprimer. L'écriture est une arme que nous sommes tous en mesure de prendre, et nous avons besoin, en ces temps difficiles, de nous livrer. Nous avons besoin de graver notre colère, notre incompréhension sur du papier. Nous avons besoin de faire sortir toute cette injustice, ce choc et ces images sanglantes qui nous rongent! Nous ne devons pas nous taire. Nous devons écrire, car écrire, c'est réagir et nous devons réagir pour les victimes.
Mais écrire n'est pas suffisant. Car nous devons aussi lire ce que chacun écrit. Que cela provienne d'un journaliste ou d'un frère, il est nécessaire de lire pour s'informer, pour comprendre et donc se préparer à répondre à ces égarés, ces monstres qui détruisent les valeurs que nous prônons, la vie, le bonheur.
Quand je regarde ces hommes, je vois des humains, mais pas d'humanité. Si nous prétendons être de meilleures personnes, nous nous devons donc de leur répondre, idéalement avec un message d'une puissance semblable à celle de leurs explosions, mais qui ne sème pas l'ombre de la mort. Alors lisons ! Écrivons ! Car c'est ainsi que nous trouverons des solutions. Les mots sont les clefs qui ouvrent les portes de la réflexion qui dissipe le brouillard de la haine qui nous guette quand nous nous renfermons. N'y cédons pas, ne devenons pas des terroristes et restons des diplomates. Faisons couler l'encre, pas le sang.
Je vous remercie. Pauline Mousnier 1ère L
Hier, nous avons eu la chance de naître dans un pays où nous pouvons dire ce que nous pensons, écrire ce que nous voulons et même faire ce dont on rêve.
Aujourd’hui, ils sont venus, par deux fois, croyant pouvoir nous priver de nos libertés, de nos droits. Ils sont venus accompagnés de la peur, de la terreur et du malheur, mais nous ne voulons pas d’eux, personne n’en veut. Ils ont cru pouvoir nous imposer, car ils étaient armés, des idées aussi absurdes que déplacées dans un monde qui ne veut que la paix. Ils ont pris des vies et beaucoup trop d’amis. Eux, n’étaient pas armés, ils dansaient, riaient, chantaient, bref ils vivaient.
Demain, nous, nous ne cracherons pas du feu, ni ne transpercerons de corps pour faire entendre nos voix. La foule dans laquelle ils ont tiré ne s’arrêtera pas de penser. Nous allons continuer de dire des paroles insensées, lire des textes impurs et écrire nos idées abjectes ! Notre plume est la plus belle des armes. Nous battrons leur terrible artillerie avec les plus doux des écrits.
Mes amis ! Mobilisons-nous ! Rassemblons-nous ! Nous nous battrons, pour défendre notre pays et la paix qui y régnait.
Nous écrirons dans les livres les abominations commises par ces êtres inhumains. Nos enfants apprendront que l’Homme est cruel, mais grâce à nos livres de Satan, ils apprendront aussi la langue de Molière, découvriront les sonnets de Baudelaire, les poèmes de l’homme aux semelles de vent et se piqueront aux roses de Ronsard. Ils voyageront, entre l’Orient et l’Occident, embarqueront avec Ulysse et plongerons 20 000 milles lieux sous les Mers. Nous leurs apprendrons que malgré des milliers de mots, aucun ne décrit, aussi bien que notre cœur, chaque instant, aussi éphémère que splendide, aussi éternel qu’horrible.
Messieurs, vous ne nous ferez jamais peur ! Nos armes peuvent vous paraître dérisoires, ridicules, vous pensez même sûrement que nous les surestimons. Mais les mots que nous écrivons, nous ne sommes pas les premiers, et nous ne serons pas les derniers. Depuis des millénaires, les hommes racontent des histoires, brèves, longues, exotiques, ou terrifiantes, des histoires de toutes sortes, pour tous les hommes. Certaines ont fait le tour du monde, d’autres seulement d’un village. Mais toutes ont fait espérer, quel que soit l’endroit ou le moment.
Seulement, messieurs, nos textes et bouts de papier ont quelque chose que vous n‘aurez jamais, ils nous font rêver.
Claire Marchetti, 1ère ES
[...] J’ai eu beau chercher, nulle part je n’ai trouvé que le Coran appelait ses fidèles au meurtre d’innocents. Ces individus ont donc lu un livre sans en saisir le sens, les poussant ainsi à la folie. C’est là que la lecture joue son rôle, il nous faut la comprendre « La lecture est un art et tout le monde n'est pas artiste » (Madeleine Chapsal). Il faut savoir prendre un certain recul sur la lecture, se l’approprier... ce que n’ont pas su faire ces bourreaux.
En ces temps d’errance et d’obscurité, la lecture permet à chacun de s’évader, de se couper de la triste réalité qui l’entoure. Elle nous tient compagnie dans nos moments de solitude et présage des jours meilleurs. Elle apparaît comme une consolation après chaque revers essuyé, propulse son lecteur dans un univers inédit, le transporte.
Elle nous permet également de prendre du recul sur le présent et de davantage comprendre. Puisque le passé explique le présent, chaque livre est une parcelle du passé qui témoigne, il y a un avant et un après ; on ne rentre pas dans un livre comme on en ressort, on en est changé. [...]
Lucas Arrighi, 1ère ES
Ecrivez, lisez. Oui, dans notre monde fragilisé par de multiples tensions, il est important de savoir se renseigner et s’exprimer afin de transmettre. Le terrorisme, dont la sonorité nous effraie, est actuel. Du latin terror, le principal but du terrorisme est donc de répandre la terreur. Cependant grâce à la mobilisation de notre peuple, à l’union des différentes patries nous pouvons lutter contre ce mouvement inhumain.
Lisez. La lecture est le meilleur moyen de renseignement. Approfondissez dans le but de comprendre un jour la pensée de ces bêtes. Lire vous éloigne du danger, votre esprit intègre la part du réel, vous vous écartez inconsciemment de l’embrigadement. Nourrissez votre culture en parcourant celle des autres. La culture étrangère est extrêmement redoutée par les terroristes. En effet les échanges internationaux les effraient car ils représentent une force et une puissance qu’ils ne peuvent combattre. Construisez-vous une personnalité solide fondée sur des valeurs justes et incontestables. Rappelez-vous constamment de vos origines, et de votre identité dont vous êtes fiers. Enfin, analysez vos réactions face aux écrits afin de mieux pouvoir exprimer ce que vous ressentez en cette période de combat.
Ecrivez. Comme Eluard, Char, Aragon et bien d’autres encore, écrivez. Oui, laissez vos plumes libérer vos sentiments, qu’ils soient de la colère, de la haine, de la peur ou de la douleur. Ne gardez pas vos frustrations au fond de votre esprit car elles pourriront dans la rancœur. [...]
Olivia de Rohan Chabot, 1ère ES
[...] ils cherchent à semer la terreur au sein du peuple français mais nous ne leur donnerons pas ce plaisir. Alors n'ayez pas pas peur, n'ayez pas honte, prenez votre stylo et écrivez ! Ecrivez vos sentiments, vos doutes, vos peurs, vos joies, vos valeurs... vous verrez, vous serez soulagé. De plus, les écrits restent, les écrits touchent et les écrits sont votre plus belle arme face à ces actes de violence inhumaine. Soyez fort, soyez libres de vous exprimer, soyez la France, soyez le monde mais ne soyez jamais prisonniers de ce terrorisme. Ils ne gagneront pas, nous resterons debout et unis quoi qu'il advienne car nous avons ce qu'ils n'ont pas : le bonheur ! Alors vive la France, vive le monde et vive ces valeurs que nous animent tous un peu plus chaque jour ! Maëlis Colmena, 1ère ES
[...] La lecture a un rôle majeur. En effet, il est particulièrement important de lire, tout d’abord pour s’informer sur la situation, les atrocités et les exactions commises récemment. Cela aide à comprendre la menace, et ainsi à savoir quel comportement adopter.
De multiples témoignages de personnes vivant dans les pays d’où viennent ces barbares, ou ayant été attaqué par ceux-ci sont accessibles. Cela est nécessaire pour ne pas sombrer dans une haine brutale et vengeresse. Comprendre que ces personnes ne sont d’aucune religion est nécessaire pour ne pas faire d’amalgames. La lecture est donc essentielle pour garder notre fabuleux pays soudé.
L’écriture est également un élément d’une importance majeur. De nombreux articles publiés récemment font part d’une réaction, d’une déclaration ou même d’un message directement adressé aux terroristes. Je vous exhorte à prendre la plume en suivant l’exemple de ces écrivains. Cela permettra de montrer à ces monstres que nous vivons tous ensembles, dans une même unité nationale et que nos différences sont notre force. [...] Guillaume de Surville, 1ère ES
Françaises, Français … Saviez-vous que le pouvoir de la littérature réside dans tous ceux qui la lisent et la produisent ? La littérature ne se limite pas à des mots imprimés ou écrits sur une page… La littérature c’est la vérité, la liberté, la vie. La littérature est tout ce que des terroristes cherchent à détruire. Mais le pouvoir de la littérature est tellement grand qu’il a résisté à travers les âges à tout type d’adversaire. Déjà dans l’Antiquité Lysias grâce à son discours, a soulevé Athènes contre la tyrannie des Trente qui dirigeaient alors la ville. Victor Hugo également a su combattre la censure et la tyrannie qui l’ont chassé de son pays. Ou encore Anne Frank qui a su combattre les horreurs du nazisme et ce même après sa mort grâce à l’écriture, grâce à la littérature.
A chaque époque ses obstacles, ses ennemis, ses héros, mais toujours les mêmes alliés : la plume, glaive sanglant qui transperce l’ignorance et le mensonge. Et le livre, égide inébranlable qui protège des coups mortels de la barbarie et de la terreur. Ce sont des armes qui ont traversé les âges sans jamais s’user ni se briser. [...] Jean Gautier, 1ère L
[...] La lecture et l'écriture sont devenues primordiales à ce jour ! Il est important que vos enfants mettent des mots sur ce qu'ils peuvent ressentir. Il est temps que vos enfants s'instruisent et se cultivent davantage ! Je le dis avec fermeté, la lecture est la première forme de savoir et l'écriture est la première forme de résistance à l'oppression ! Nous ne vivrons pas dans la peur ! Faisons honneur à tous les gens qui se sont engagés durant ces temps de crise et de guerre. Je pense à Pablo Picasso avec "Guernica" lors de la Guerre d'Espagne, à Primo Levi dans son roman Si c'est un homme et à Paul Eluard avec L'Honneur des poètes où il dit : " Devant le péril aujourd'hui couru par l'Homme, des poètes nous sont venus de tous les horizons Français ". [...] Laurent Lovichi, 1ère ES
[...]
Ecrivons aux familles, aux policiers, aux militaires. Ecrivons aux médecins pour les remercier. Si nous ne pouvons pas les soutenir grâce à nos corps, nous soutiendrons grâce à nos mots. De leurs armes, ils avaient attaqué un journal, de nos paroles nous attaqueront leurs idéologies ; leurs leçons de vie moyen-âgeuses, leurs mensonges issus d’une religion bienveillante, qu'ils ont transformée en actions haineuses vers notre nation accueillante.
Grâce à vous, grâce à nous, et à nos textes, à la fin, c’est la balance de la justice qui l’emportera et les punira de leurs crimes atroces.
L’écriture a sa place dans ce combat de l'esprit. Ils ont des fusils, nous avons des stylos, ils tuent de leurs mains, nous tuons par la force de nos mots. Tuons leurs idéologies infondées. A nous tous, nous pouvons y remédier, soignons la France de ses maux pour toujours, grâce à l’écriture de mots d’amours. [...] Tom Haddad, 1ère ES
[...] Si vous souffrez à cause des attentats et que vous aimeriez faire partager vos opinions mais que les paroles ne vous viennent pas écrivez ! Exorcisez vos peurs à travers l'écrit ! Dites-vous que ce que vous aurez rédigé sera peut être lu par les générations suivantes, elles apprendront de nos erreurs et sauront peut être mieux réagir que nous maintenant.
Face aux événements, le fait de lire les journaux, de s'informer par différents moyens permet de prendre du recul et de prendre le temps de réfléchir à cette situation. Les terroristes veulent nous infliger la peur et nous obliger à vivre différemment selon leur lecture d'un texte qu'ils ne comprennent pas ! Nous qui soutenons la liberté d'expression ne les laissons surtout pas nous abattre !
L'écriture et la lecture peuvent aussi nous donner un refuge, partager ses pensées et lire des avis différents peut nous aider à encaisser le choc, nous ne sommes pas seuls face au terrorisme, nous formons une grande communauté, lire les textes de chacun est réconfortant. Cela nous permet de nous apercevoir que nous sommes solidaires les uns des autres. [...] Loane Le Lan, 1ère ES
[...] En effet, par la lecture, les personnes ont un moyen de s’éduquer. Lire permet d’apprendre et de comprendre parfois le monde brutal qui nous entoure. Le lecteur va donc être amené à réfléchir par lui-même et va se forger sa propre opinion. De plus, la lecture va lui permettre une ouverture d’esprit plus large sur le monde et sur les individus qui y vivent. Cette connaissance d'autres civilisations et d’autres opinions souvent en contradiction valorisent le respect de l’autre et donc la tolérance envers autrui. La lecture peut donc faire prendre conscience aux individus que chaque personne est différente et qu’elle a quelque chose à nous apprendre. S’ouvrir au monde par la lecture est un moyen efficace pour une compréhension approfondie de chaque culture et de chaque chose qui permettent au monde d’être diversifié.
Par la suite, nous pouvons nous intéresser à la forme de thérapie que l’on peut ressentir en écrivant. En effet, il est plus facile de dévoiler notre ressenti à l’écrit plutôt qu’à l’oral. On peut livrer nos émotions les plus profondes, nos idées que l’on n’ose pas dire. Ces écrits peuvent parfois être anonyme permettant une mise en confiance. Ecrire, coucher les mots sur le papier rend les sentiments plus réels comme si en les écrivant nos peurs, nos doutes s’évaporaient et n’appartenaient plus à notre esprit. Ecrire l’horreur permet d’apaiser notre corps, de le rendre moins vulnérable à ce qui est en train de se passer. A notre échelle, nous pouvons prendre l’exemple du journal intime. Celui-ci a pour fonction de permettre à la personne qui le souhaite d’écrire ses inquiétudes, ses peines, ses peurs mais aussi ses joies. C’est pourquoi l’écriture peut être une forme de thérapie face à l’horreur d’un attentat par exemple.
Léon Schwarzenberg, célèbre professeur de médecine : « Un pays dans lequel n’existe plus le soir, une chambre dans laquelle un enfant apprend le Grec ou le violon est un pays perdu. » [...] Charlotte Manos, 1ère ES
[...] Ô lumière infinie qui m’ouvre les yeux sur le monde ! Sa clarté effleure avec délicatesse ma peau. Doucement, je sens mon corps s’élever et je me transporte dans un univers merveilleux, peuplé de créatures fantastiques. Un instant, je m’envole de cet enfer bruyant pour me retrouver dans un lieu paisible où mes pensées et mes idées sont enfin libérées.
Libérés, oui, c’est ça voyez-vous. Dans un monde où on nous enchaîne, on nous bâillonne, j’ai trouvé une échappatoire. On essaie de nous emprisonner dans un carcan de fer et de plomb où nous ne sommes plus maîtres de nos paroles, où chaque acte que nous faisons est analysé, décrypté puis sanctionné. On veut nous immerger dans le brouillard sombre de l’ignorance et de la peur.
Nous ne leur cèderons rien. Nous ne les laisserons pas nous aveugler. Jamais.
Nous devons les affronter, vaincre les ténèbres épouvantables qu’ils veulent nous imposer. Trouver la force de ne pas nous laisser envahir par l’effroi. Ecrire pour manifester nos émotions. Lire pour nous souvenir.
Se plonger dans des textes peut être un acte que certaines personnes pourraient qualifier de passif mais ne vous méprenez pas. C’est par l’enseignement qu’ils recèlent, la sagesse de nos pères qui y ont déposé leur âme, que nous sommes à-même de lutter contre la haine et l’abjecte violence que nous subissons. Je revendique la puissance éblouissante de la connaissance comme étant une arme de paix : le savoir est le meilleur médiateur de fraternité entre les pays. [...] Emilie Hazzan, 1ère ES